AGAY

 

Le nom d'Agay provient du grec "Agathon" qui veut dire bon, favorable. Il a sans doute été donné par les premiers navigateurs grecs de la colonie phocéenne de Massalia qui ont trouvé dans cette rade naturelle, un abri sur une aiguade facile et un lieu d'échange avec les populations ligures autochtones.

Agay est également cité sous le vocable d'"Agathon" ou d'"Agathonis", dans les divers récits des martyres de St Porcaire, St Hermentaire ou dans le poème du troubadour provençal Béranger Féraud "La vie de St Honorat".

Le nom moderne d'Agay apparaît seulement au 16ème siècle, quand sont construites les tours Dramont et de la Baumette.

 

Epoque préhistorique :

Les témoignages préhistoriques de la vie de ses premiers habitants sont nombreux à Agay et aux alentours : menhirs de la Pierre Levée et des Veyssières, station néolithique du Gratadis, divers "oppidum" et grottes habitées de l'Estérel.

Paléolithique : présence de burins de Noailles sur le site de Gratadis près d'Agay. Les burins de Noailles sont des outils en silex. C'est un burin d'angle, parfois multiple, sur troncature et encoche d'arrêt (Musée Archéologique de Saint Raphaël). Les burins de Noailles tirent leur nom de la grotte éponyme en Corrèze, près de Brives.

 

Mégalithes : menhir à cupules d'Aire Peyronne

Occupation de l'Estérel par des peuples celte-ligures (par exemple les Ligauniens au-dessus de la ville de Fréjus). Oppidum du Rastel d'Agay, du Mont St Martin près de Mandelieu.

Les rhyolites ont été exploitées de l'Antiquité pour la fabrication des meules, par exemple la meulerie de Bagnols-en-Forêt (pour les moulins à huile et céréales). Des meules pratiquement dégagées ont été découvertes, signe que les habitants de l'époque avaient dû fuir devant un danger : une interruption de l'exploitation a eu lieu au XIVe siècle (période des grandes épidémies : peste,...). L'exploitation qui s'est poursuivie jusqu'au XVIIIe siècle. Des meules de cryolithes de l'Estérel ont été retrouvées dans l'épave d'un bateau de type sarrazin daté du Xe siècle.

 

L'Antiquité :

Le quartier d'Agay eut une très grande importance dans l'Antiquité car c'était un port de la Tribu Ligure "lOetgina", ce fut l'Agathonis" des Grecs et la "Porthus Agathonis" des Romains. Cette occupation des Romains est, du reste, confirmée par de nombreuses découvertes issues de fouilles subaquatiques. On a retrouvé sous l'eau des amphores romaines provenant sans doute d'un naufrage, il y a 2000 ans (tombeaux en grandes briques à rebords, murailles antiques, bains, amphores, médailles, etc...)

Ces trésors antiques sont d'ailleurs conservées (Musée Archéologique Municipal de Saint Raphaël).

On a également retrouvé une borne militaire (du nom de la distance - le mille, 1,478km- séparant la borne de Rome sur le tracé de l'actuelle Nationale 7, près de l'auberge des Adrets de l'Estérel).

 

Christianisme :

Saint Honorat, fondateur de l'abbaye de Lérins au 5è siècle débarque d'abord à Agay avant de s'établir pendant quelques années dans une grotte, appelée Sainte Baume située au Cap Roux dans le massif de l'Estérel.

Devant l'afflux de pèlerins, il s'exila quelques années plus tard sur l'île la plus inhospitalière de Lérins, à laquelle il donna son nom. Une procession monte à la grotte chaque année, le 1er dimanche de Mai, pour en perpétuer le souvenir (voir la Vida de St Honorat du poète Raymond Féraud - XIIIe siècle).

 

Le Moyen-Âge :

C'est seulement au 13e siècle que l'on retrouve des traces d'une agglomération à Agay, époque à laquelle Pierre II, roi d'Aragon, concéda à son oncle le port d'Agay avec la facilité d'y amener des habitants et d'y construire villages, châteaux, forteresses.

En 1635, Jean-Vincent de Roux, nommé gouverneur d'Agay par Richelieu, jette les bases d'un château et d'un fort en étoile, sur une pointe au milieu de la rade (origine de l'actuel château d'Agay).

En 1636, l'évêque de Fréjus lui inféode la seigneurie d'Agay. Il y crée un domaine agricole et une première chapelle dédiée à Ste Agathe (aujourd'hui Ste Guite). La ferme du château est dotée d'un cabaret où s'approvisionnent les équipages des galères du roi ou des tartanes du cabotage côtier entre Gênes et Marseille, qui viennent s'abriter sous les canons et relacher en payant un droit. Les seigneurs d'Agay, gouverneurs héréditaires du fort et des tours y possèdent, en effet, les droits de port et d'ancrage dans toute la rade et le privilège de la pêche aux anchois depuis St Tropez jusqu'à l'embouchure du Var.

Ce château constitue le seul témoignage de tout le passé de l'ancienne Seigneurie d'Agay.

 

L'époque moderne :

Au 18e siècle, le château est transformé en résidence plus civile, de nouvelles fermes sont construites (La Bastide-1750) ou aménagées (Les Ferrières, Le Grenouillet). Le domaine du Castellas est crée.

A la révolution, le château est pillé, la garnison du fort est supprimée, les canons saisis, les deux tours de l'enceinte sont abattues et le terroir est rattaché à la commune de Saint-Raphaël.

Au 19e siècle, un poste de douane est installé, le phare de la Baumette est construit à l'emplacement de l'ancienne tour, mais c'est l'arrivée du chemin de fer en 1860, qui fît naître le village actuel : une école et une chapelle sont crées en 1877, les carrières de porphyres du Dramont sont mises en exploitations, d'élégantes villas et hôtels se bâtissent sur la côte bientôt desservie par la route de la Corniche d'Or (1903).

Avant la construction de la route de la Corniche d'Or, Agay n'était connue que des marins et des promeneurs qui empruntaient le sentier des douaniers "La Pantière".

Depuis, la Corniche d'Or a fait connaître à des milliers de touristes français et étrangers, la rade merveilleuse et la magnifique plage d'Agay.